Maltraitement des aînés : Comment en reconnaître les signes et vous protéger (ou protéger un être cher)
Il n’est pas toujours facile de reconnaître le maltraitement infligés aux aînés, en particulier si vous en êtes la victime. Malheureusement, ce maltraitement est monnaie courante dans notre société. Heureusement, notre société prend de plus en plus conscience de l’existence de maltraitements subis par les aînés sous ses différentes formes, et il existe de nombreuses ressources disponibles pour les aider.
Le maltraitement est souvent infligé par un proche de la victime, tel qu’un conjoint, un fils ou une fille, un autre membre de la famille, un aidant naturel, un ami ou un voisin, de même que par un infirmier, un aide-soignant ou autre membre du personnel d’un établissement de soins de longue durée, ou même un télémarketeur ou un vendeur à domicile.
Il existe plusieurs types de maltraitements subis par les aînés, notamment : les abus ou exploitation financiers, émotionnels ou psychologiques, ainsi que physiques. Chacun d’entre eux peut se produire séparément, ou bien de concert avec d’autres genres d’abus.
L’abus financier ou exploitation est un type fort courant d’abus envers les aînés qui comprend aussi bien des actions plus subtiles telles que la pression exercée sur un aîné afin de donner de l’argent ou de signer un contrat (procuration, testament, etc.) en faveur de l’auteur de l’abus, que des exemples plus évidents tels que escroquerie, vol, contrefaçon et fraude.
Voici quelques-uns des signes avant-coureurs d’un éventuel abus financier :
- des sommes considérables retirées du compte bancaire d’un aîné;
- des modifications suspectes effectuées à des procurations, mandats ou testaments;
- des achats superflus d’articles ou de services;
- de l’argent comptant ou des effets personnels disparaissant de la maison de l’aîné.
Voici quelques-unes des précautions de base relatives à une exploitation financière :
- ne divulguer à quiconque les NIPs d’une carte bancaire ou de crédit;
- ne pas émettre de chèques à « comptant »;
- avoir une bonne compréhension de tous documents et contrats avant de les signer.
L’abus émotionnel ou psychologique est l’un des plus difficiles à détecter et peut se manifester entre autre sous forme de criticisme, isolement, dénigrement, infantilisme, moquerie, menaces ou intimidation. L’abus verbal est souvent un élément important de l’abus émotionnel ou psychologique, mais il peut également être non-verbal.
L’abus émotionnel ou psychologique paraît évident lorsque l’aîné :
- est agité, déprimé ou renfermé;
- semble craintif ou soumis;
- évite tout contact visuel ou verbal avec l’auteur de l’abus;
- est isolé et n’a pas la permission de recevoir de visiteurs.
Afin de se protéger de tout abus émotionnel ou psychologique, il serait bon :
- de rester en contact avec sa famille et ses amis afin d’éviter l’isolement;
- d’être informé de ses droits;
- de rechercher de l’assistance professionnelle au besoin.
L’abus physique est plus facilement reconnaissable lorsqu’il laisse des traces de violence visibles sur la victime, mais il peut être moins perceptible s’il est causé par des gifles, des coups de pied, des pincements ou s’il est le résultat d’un traitement brutal.
Les signes avertisseurs d’abus physiques comprennent :
- des blessures inexpliquées telles que brûlures, contusions, écorchures ou fractures;
- des signes de contrainte, comme, par exemple, des traces de corde aux poignets;
- des brûlures de cigarette, de fer à repasser ou d’eau chaude;
- agitation, attitude craintive ou recul.
Pour se protéger des abus physiques:
- s’assurer d’un contact régulier avec sa famille et ses amis, que ce soit par téléphone ou en personne;
- garder à portée de main les numéros de téléphone afin d’appeler à l’aide;
- si un abus physique a lieu, n’hésitez pas à quitter la maison pour vous réfugier chez un parent, un ami, un voisin ou même dans un refuge.
Si vous pensez être vous-même ou un être cher victime de maltraitement envers les aînés, il existe des ressources vers qui vous tourner pour demander de l’aide. Dans certains cas, le Curateur public pourrait vous porter assistance (http://www.curateur.gouv.qc.ca), ainsi que la Commission des droits de la personne (http://www.cdpdj.qc.ca).
Il peut également être utile de consulter un avocat lorsqu’il est nécessaire d’intenter une action en justice, telle que :
- demander à la Cour de prendre des mesures préventives ou de sauvegarde pour la protection de l’aîné;
- nommer un représentant légal (conseiller, tuteur, curateur ou mandataire) de l’aîné pour sa protection;
- révoquer la nomination d’un mandataire abusif ou remplacer un tuteur ou un curateur abusif; ou
- simplement envoyer une mise en demeure.
Marion Dana, avocate